Moderniser la protection sociale en reconstruisant intégralement un système d’information mutualiste à partir de zéro : c’est le défi que s’est lancé Jaji, nouvelle mutuelle française 100 % digitale créée en juillet 2020. "Notre ambition était d’engager une démarche systémique pour transformer un métier historique complexe qui combine ingénierie financière, juridique et sociale", explique Joe Alves, co-fondateur et CTO de Jaji. "Pour parvenir à nous faire une place sur ce marché, nous devions repenser l’intégralité de la chaîne de valeur". Parcours de souscription en quelques clics, signature électronique, application mobile pour un accès en temps réel aux informations, Jaji mise sur une expérience client entièrement digitale pour faciliter les usages de ses assurés, entreprises comme individus. Mais l’entreprise souhaite aller un cran plus loin. "Beaucoup d’acteurs du secteur travaillent sur la modernisation des expériences "front"", reconnaît Quentin Sauvée, co-fondateur et CEO de Jaji. Mais très peu s’attaquent à la modernisation du back-office, du "core modèle" et de sa base de données. Reconstruire le back-office d’un acteur de l’assurance de personnes revient à repenser l’usine logicielle qui permet de traiter des opérations avec des mécaniques industrielles (calculs, encaissement de cotisations ou paiement de prestations) tout en permettant de se concentrer sur la relation client digitale et humaine. L’approche que Jaji a décidé de suivre est d’autant plus systémique car l’équipe s’attèle, au-delà de la reconstruction des outils, à créer une nouvelle organisation qui portera cette chaîne de valeur repensée.

Une plateforme opérationnelle en 18 mois

Soutenue par le groupe de protection sociale KLESIA, Jaji bénéficie d’un soutien financier à la hauteur de ses ambitions. "Mais le réel ticket d’entrée, c’est l’humain, souligne Joe Alves. Sans les connaissances métier et les compétences techniques, impossible de mener à bien une telle reconstruction dans le temps imparti. Nous savions dès le départ qu’il nous fallait aller vite pour nous garantir une avance technologique sur ce marché très concurrentiel". Jaji a donc constitué en 2020 une première équipe réduite possédant l’ensemble de ces expertises pour commencer à travailler sur les processus et les parcours métier ainsi que sur l’architecture de la future plateforme. Très rapidement, les microservices se sont imposés. "Les processus sont constitués d’une multitude d’étapes opérées par différents métiers, ce qui crée une chaîne de valeur souvent complexe et longue. Les microservices étaient la solution idéale pour obtenir l’agilité et la performance que nous souhaitions sur chacune de ces étapes".

Une myriade de services disponibles

L’autre pilier technologique qui s’est immédiatement imposé est le cloud public, seul modèle permettant de conjuguer la rapidité de construction et de déploiement avec les niveaux de performances, de robustesse et de sécurité requis. Après avoir comparé les offres des différents fournisseurs, l’organisation a choisi de se tourner AWS. "Les solutions AWS étaient non seulement les plus performantes, mais elles offraient par ailleurs une myriade de services qui constituent un vrai terrain de jeu, témoigne Joe Alves. AWS est le seul Cloud Services Provider a proposer un tel catalogue. Le moindre service dont nous avions besoin était disponible et pouvait être testé et validé en moins de 72 heures. Nous avons pu construire la plateforme en mettant bout à bout l’ensemble des services nécessaires". Outre les ressources de calcul Amazon EC2, Jaji utilise les capacités serverless d’AWS Lambda, les bases de données Amazon Aurora, les conteneurs avec Amazon Elastic Container Service (Amazon ECS), l’infrastructure as code AWS CloudFormation ou encore les agents de message Amazon MQ, capables de gérer des millions d’événements par seconde. En procédant ainsi et en s’appuyant sur un solide accompagnement des équipes AWS et de son partenaire Gekko (groupe Accenture), Jaji est parvenu à finaliser la première version de sa plateforme en seulement 18 mois. "Nous avons avancé à une vitesse incroyable, poursuit le CTO. Sans le Cloud AWS, réaliser la même chose nous aurait demandé trois fois plus de temps".

Sécurité, disponibilité et conformité des infrastructures

Autre point déterminant dans le choix des solutions AWS : les garanties apportées en termes de sécurité, de disponibilité et de conformité. Jaji doit délivrer ses services dans le respect de contraintes réglementaires fortes comme le RGPD, pour la protection des données personnelles, ou la norme HDS, pour l’hébergement des données de santé. Travailler avec le Cloud AWS lui permet de garantir la localisation en France des infrastructures et des données, la disponibilité continue de la plateforme grâce à la redondance et l’élasticité des services, ainsi que des niveaux de durabilité des données à onze 9 (99,999… %). Jaji exploite également le service AWS WAF pour protéger ses applications, Amazon CloudWatch pour les monitorer, Amazon GuardDuty pour la détection des menaces et AWS Control Tower pour la gouvernance et la sécurité des comptes. "Tout cela combiné crée une plateforme d’une robustesse incroyable", affirme Joe Alves.

Des compétences valorisées et renforcées

Dès le début du projet, AWS a immédiatement mis à disposition de Jaji des compétences techniques très avancées qui se sont avérées précieuses pour effectuer les bons choix d’architecture ou apporter des retours d’expérience. Jaji compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, et parmi eux, des informaticiens et une équipe DevOps désormais bien rodés aux environnements AWS. "Je n’ai jamais vu une équipe atteindre un tel niveau d’expertise sur des systèmes qui étaient inconnus au départ, affirme Joe Alves. Aucun de nos développeurs ou presque ne connaissait les services ou les architectures AWS en général. Aujourd’hui, ils ont tous un niveau avancé sur les technologies AWS". Une évolution facilitée par la capacité du Cloud AWS à supporter les standards de l’industrie. L’usine logicielle de Jaji par exemple, est principalement basée sur le langage C#, "il nous fallait pouvoir faire tourner les runtimes Microsoft .NET Core". "Les entreprises qui ont une équipe issue du monde Microsoft peuvent travailler sur le Cloud AWS. Leur savoir-faire reste valide, sans passer par des formations profondes et complexes".

Le FinOps au service de la performance économique et environnementale

Les outils de pilotage et de monitoring permettent également de valider l’équation économique. En tant que mutuelle, Jaji est une entité à but non-lucratif. En réduisant les coûts informatiques avec le Cloud AWS, elle entend donc améliorer sa performance économique avec la volonté de redistribuer la valeur générée à ses adhérents et à la société civile. "Dans le cloud, on peut aller très vite, mais sans connaissance ni maîtrise, cela peut aussi coûter très cher, rappelle Joe Alves. Avec AWS, nous pouvons tout mesurer. Nous aurons par exemple demain la capacité de compter à l’euro près combien nous coûte, un parcours de souscription". Jaji, qui travaille donc avec l’équipe AWS dédiée aux organisations non-gouvernementales et à but non-lucratif, a mis en place des outils FinOps pour piloter ses ressources et ses coûts au plus près de ses besoins. Alors que les assureurs prélèvent en moyenne 21 % sur les cotisations qu’ils perçoivent pour payer leurs frais de gestion (salaires, informatique, etc.), Jaji a pour objectif de réduire significativement ce taux sur le moyen terme, notamment grâce à des processus plus simples, à l’automatisation des opérations et aux économies sur l’infrastructure. "Si nous constatons qu’une instance est surdimensionnée, nous pouvons immédiatement la réduire pour voir les coûts diminuer dès le mois suivant", explique Quentin Sauvée. Cette capacité à mesurer les ressources consommées a un autre avantage : la responsabilité environnementale. "Amazon Web Services a pris des engagements forts sur l’impact de ses infrastructures, comme atteindre la neutralité carbone en 2040, qui nous permettront de démontrer la responsabilité de notre plateforme et la diminution dans le temps de notre empreinte", poursuit le CEO.

Nouveau métier, nouveaux revenus

Jaji compte aujourd’hui plusieurs centaines d'assurés et vise le million d’assurés gérés sur sa plateforme d’ici 5 à 6 ans. Ce nouvel acteur a également d’autres objectifs pour capitaliser sur l’excellence de sa plateforme et a bien l’intention d’être un acteur de la transformation du secteur pour les années à venir. "Pourquoi ne pas permettre à un autre acteur de la protection sociale de se moderniser tout en réduisant ses frais grâce à cette plateforme ?", interroge Quentin Sauvée. En 2023, en plus de son métier d’assureur, Jaji portera donc également une casquette d’éditeur en proposant sa plateforme en marque blanche à d’autres acteurs du marché de la protection sociale.